"Une école où l'on apprendrait ce que l'on apprend pas à l'école ? Mais cela existe déjà, cela s'appelle l'école de la vie !" me direz vous.
Peut être. Mais ne peut-on pas traverser la vie sans apprendre ? Répétant sans cesse les même erreurs. Persuadé de savoir ou englué dans ses propres automatismes. Et puis si on pouvait apprendre plus vite ? Éviter les erreurs lourdes de souffrance, ou plutôt les commettre mais dans un lieu protégé et bienveillant ?
Je rêve d'une vraie école. Un lieu, un moment, un espace prévu pour apprendre, changer, grandir. Construite autour d'un projet, d'une intention, d'une volonté d'offrir des outils, des concepts, des expériences, des méthodes. Dans son code génétique, une intention première : éveiller, questionner, expérimenter, incarner l'idée qu'apprendre est l'affaire d'une vie,
Au programme, en vrac ...
- apprendre à apprendre
- apprendre à désapprendre
- apprendre à être curieux
- apprendre à écouter, regarder, sentir
- apprendre à improviser
- apprendre à jouer avec sa propre identité, à prendre des rôles, à étendre sa flexibilité intérieure
- apprendre à respirer
- apprendre à écouter son propre corps, à en prendre soin, à l'occuper avec présence.
- apprendre à avoir conscience de son énergie mentale, émotionnelle et physique et à alterner intensité et récupération
- apprendre à se poser des questions, à vivre avec des questions,à ne surtout pas croire que toute question n'a qu'une réponse, à aimer les questions plus que les réponses,
- apprendre à faire attention aux autres, vraiment. Pas aux rôles qu'ils jouent, mais à l'être humain qui est l'intérieur, apprendre à l'aimer
- apprendre à organiser ses idées
- apprendre à être là
- apprendre à changer
- apprendre à prendre en charge ses propres croyances
- apprendre à reconnaître et à prendre la responsabilité de ses émotions
- apprendre à être responsable de sa vie et de sa propre réalité
- apprendre à se lancer dans l'action
- apprendre à faire des listes et à toujours laisser des points de suspensions à la fin d'une liste
- ...
Mon école ne serait pas magistrale. Elle prendrait en compte les quatre styles d'apprentissages, identifiés par les recherches de David Kolb à Harvard, et serait avant tout fondée sur ce que Kolb nomme "Experiential Learning" .. un apprentissage expérienciel (bon, d'accord, le mot n'est pas très beau). Les anglosaxons ont une formule que j'aime bien est "Knowing is Owning" ... Savoir c'est posséder, faire sien. Rien de tel pour faire sien un concept, un outil que d'en faire l'expérience personnelle.
J'aimerais que mon école fasse vivre à celui qui veut apprendre une expérience singulière dont il ne sortirait pas identique à celui qu'il était avant de la vivre. Apprendre en vivant une expérience n'est pas une idée nouvelle, elle est à la base du scoutisme, de l'enseignement maçonnique (via le processus d'initiation) ou de pédagogies fondées sur le jeu.
Et c'est le jeu qui serait précisément au cœur de de mon école. C'est sans doute très égoïste, mais j'adore jouer. Et j'ai beaucoup appris en jouant. Par le jeu, on peut créer toutes sortes d'expériences, et chaque expérience vécue peut devenir une métaphore de la vie et ainsi enseigner de l'intérieur.Alors voilà, c'est décidé, dans ma prochaine vie, je construirai un morceau de cette école là. Et vous, si vous deviez participer à sa construction, la fréquenter, où la recommander à un proche, qu'aimeriez vous y voir au programme ?
Je veux en être !
moi j'y ajouterais bien du yoga ou un truc comme cela pour apprendre à se détendre ou à apprivoiser son corps, du tai chi peut être ?
Le projet est très tentant en tout cas. Tiens moi au courant
Rédigé par : Max | 18 septembre 2009 à 16:08
Bonjour, j'ai découvert recemment votre blog que j'aime beaucoup même si je ne comprends pas toujours tout :-). Là, je comprends très bien et j'aimerais bien qu'une école comme cela existe. Je crois que je serais très tentée d'y étudier.
Rédigé par : Elodie | 18 septembre 2009 à 16:27
Je n'adhère pas du tout à votre idée. D'abord, l'école telle est qu'elle est aujourd'hui apprend aux élèves beaucoup de ce que vous prétendez mettre au programme d'une "autre" école. J'enseigne dans une classe unique d'un petit village d'Alsace et les thèmes que vous voulez mettre au programme sont bien souvent couverts par la pédagogie en oeuvre dans une telle classe. Les plus grands enseignent aux plus petits et le sujets traités vont bien au delà des sujets du programme. Quitte à améliorer les choses, je suis pour intégrer dans l'école les enseignements qui y manqueraient en réformant l'école plus qu'en construisant, à l'extérieur de l'école une école qui viendrait combler les manques de l'école publique. L'école dont vous rêvez serait elle accessible à tous ? comme l'école publique ou ne serait elle pas réservée à ceux qui auraient les moyens, financiers, culturels ou intellectuels d'y accéder ?
Rédigé par : Météor | 18 septembre 2009 à 18:05
@Max : merci oui, du tai chi ou de l'Aikido ! et dès que cela ouvre je te préviens !
@Elodie. C'est normal de ne pas comprendre tout, moi même j'hésite un peu parfois et puis je veux dire trop de choses à la fois. Quand au programme, vous pouvez commencer à l'étudier (ou à l'enrichir - j'attends vos suggestions - ) ... sans attendre l'ouverture. Un des charmes de mon école c'est qu'on peut commencer quand on veut, sans attendre la rentrée.
@Météor. Euh ...j'ai le plus grand respect pour l'école et spéiclament les classes uniques. Mais il y a un intérieur et un extérieur (tant mieux), un programme, des pratiques qui pour beaucoup n'ont pas changé depuis des décennies (siecles ?), une logique de remplissage des esprits (pas toujours, mais c'est celle qui domine). Elle s'adresse en priorité aux cerveaux des élèves comme s'ils n'étaient que des être pensants. Elle les conditionne à penser que les problèmes ont une seule solution et que savoir répondre aux questions est plus important que savoir les poser...
Quand à la question de l'accès, j'aime justement que vous la posiez (j'ai soudain l'impression que mon école existe déjà) même s'il est un peu tôt encore. Je crois qu'une pédagogie par le jeu peut la rendre accessible au plus grand nombre. Pour sa forme, rien ne dit qu'elle aura besoin de murs, de toit, de chauffage ...Et je crois que sa principale matière première sera la passion, l'enthousiasme et l'inventivité, qui comme vous le savez pour les pratiquer surement dans votre classe sont gratuites.
Rédigé par : Philippe joannis | 19 septembre 2009 à 18:28
moi je pense qu'on devrait y enseigner absolument l'art du jugement, qui n'est quelque chose qui ne peut s'apprendre qu'avec le temps, mais au moins apprendre à se méfier des jugements mal fondés et si fréquents. J'y verrais bien aussi l'enseignement de l'art du langage, pas l'orthographe ni la grammaire, mais l'art du verbe, de la parole vraie, de la parole qui crée un lien avec les autres.
Rédigé par : Pierre | 20 septembre 2009 à 18:58
Bonjour
Apprendre à choisir un métier, voilà un sujet à mettre au programme. C'est un truc qu'on découvre toujours par soit même et cela ma tjours semblé bizarre comme l'éducation est coupée de la vraie vie. Je suis sorti de l'université sans avoir la moindre idée de ce que je voulais et pouvais faire. Il m'a fallu des années de petits boulots pour finalement trouver le secteur et le métier qui pouvait m'intéresser. Je suis sûr qu'on aurait pu m'aider.
Et aussi, j'aime bien votre blog, très atypique et que j'aurais bien du a classer.
Eric
Rédigé par : Eric | 20 septembre 2009 à 21:21
@ Pierre : Oui, avec enthousiasme à votre conception de l'art du langage. L'art du jugement me semble plus glissant. Et effectivement il me parait encore plus facile d'enseigner l'art de l'erreur de jugement ... pour lequel nous avons tous des dispositions naturelles
@ Eric - Oui ! choisir un métier ou une activité est surement - à part pour quelques bienheureux touchés par la grâce - une sorte de loterie dont on ne connait même pas les règles du jeu. Encore que l'éducation nationale ait créé une option spéciale, que j'ai découverte avec bonheur il y a peu et dont je suis ravi que ma fille Angèle expérimente actuellement la possibilité. Elle porte le doux nom de DP3, découverte professionnelle et dont il est dit dans un rapport récent (http://url.ie/2h0h) que 'c'est la chose la plus intelligente inventée au collège depuis 30 ans"
Rédigé par : Philippe joannis | 21 septembre 2009 à 07:37
Au programme aussi : apprendre à dire non, apprendre à oser, à la vraie école c'est souvent l'inverse ... et aussi apprendre à être heureux ou plutôt à savoir reconnaître et apprécier les moments où on l'est .. et aussi dans le désordre : apprendre à sourire, à regarder les gens dans les yeux, à accepter que tout est possible.
Rédigé par : Isabelle | 22 septembre 2009 à 10:20
C'est affreux ! je suis d'accord avec tout, y'a même pas moyen de débattre ... et j'ajouterais aussi apprendre à dire oui (oui, on insiste beaucoup sur l'art d'apprendre à dire non, mais apprendre à dire oui, vraiment, du fond du coeur, sans condition est aussi un talent bien utile (je m'entraine encore !) .. et dans le même ordre d'idée, je viens de tomber sur cette petite notes sur une conférence de Salomé qui fournit d'autres pistes pour le programme : http://url.ie/2hch
Rédigé par : Philippe joannis | 22 septembre 2009 à 14:11
Et pourquoi on n'enseignerait pas des choses que les enfants ont envie d'apprendre avant tout ?
Pourquoi tout est homogénéisé ? Pourquoi apprenons nous en même temps les mêmes choses ? Nous avons tous un rythme différent. Certains profs diront que ça serait compliqué, compliqué pour qui ? Pour eux ! Mais l'école n'est pas là pour eux, elle est là pour les enfants. On a tendance à l'oublier.
Rédigé par : Nel | 09 juillet 2013 à 12:43
oui, pourquoi en effet ? j'aime l'idée. Avec une seule réserve, on ne peut avoir envie d'apprendre que ce que l'on sait ignorer .. et parfois on ignore même que l'on ignore .. mais cela ne vaut pas seulement pour les enfants, et oui pour apprendre à chacun ce qui le passionne et qui n'est sans doute pas la même chose que son voisin ...
Rédigé par : Philippe | 09 juillet 2013 à 19:26