« Vélo volé, l’anagramme et le chiasme sont parfaits, les deux mots sont faits pour s’accoupler » Extrait de "New York - journal d'un Cycle" (Dans ce très joli livre, Catherine Cusset parle d'elle même, ... de New York, du plaisir du vélo comme de celui l'écriture ..et d'attente...)
Vélo volé ... ces mots la m'invitent soudain à rêver ...
Pourtant mon vélo n'a pas été volé. Enfin si ! Mais juste un jour, ce printemps. Celui où, malgré mes pressentiments, je l'avais prêté à Ferdinand, qui l'avait abandonné sans surveillance ni cadenas. Vélo volatilisé. Ce jour là, il avait été parlementer dans la cité où mon vélo avait disparu. Paisiblement. Expliquer que c'était le vélo préféré de son père. Rien que des mots. Pouvoir du verbe et du respect. il lui avait été rendu.
Non, mon vélo n'est pas volé. A mon vélo, il n'y a que les freins qui manquent. Personne ne les a pris pourtant. Non je les ai offerts, un jour d'été comme aujourd'hui. C'était, je l'admets, un cadeau bizarre. Je ne savais pas encore que c'était aussi un cadeau qui m'était fait. Je n'ai jamais regretté leur absence. Bien souvent - dans les montées par exemple - ils ne servaient à rien. Et puis conduire un vélo sans frein c'est comme se trouver face à une page blanche, une portée sans notes, à une journée encore à inventer.
Y a t-il des freins au temps qui passe ? A la vie ? A l'enthousiasme. Avancer. Dévaler les descentes. Les trouver délicieuses. Sentir le vent qui siffle. Les vibrations du sol. Mon cœur qui bat. Et ne cessera plus depuis. Lâcher les deux mains. Se casser la figure. Se gameller sévère. L'accepter. Mais se relever. Ne pas regretter. Car la route n'est pas finie. Rêver de tandem pour remonter la côte. Et rouler encore. Avancer. Malgré cette chaleur, cette soif qui ne peut plus être étanchée. Qui ne le veut plus.
Chérir cette soif et rêver de fraîcheur. De promenades d'été, aux premières lueurs du jour. D'une forêt profonde. De sieste au bord de la rivière ! Est ce le Loing ou un affluent de la Loue ? Rêver d'en retrouver enfin la source et d'y plonger doucement les pieds nus.
A cette pensée, sentir l'air qui vibre plus fort. Respirer de toutes mes forces, comme si c'était la première fois.
Rêver d'un parfum qui est le sien.
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