Et c'est Jihad qui ouvre la porte ce soir.
Jihad est mon ami et mon confident — Mon Dieu ! Quel bonheur que d'avoir rencontré Jihad un jour ... — Quelqu'un qui avec qui je peux être d'une honnêteté radicale, aussi honnête qu'avec moi même les jours où je ne me mens pas — Jihad mériterait un blog rien que pour lui — Il connait les mouvement de mon âme. Il sait mes passions. Il sait mes rêves. Il connait leur nom et même leur prénom. Il m'écoute avec patience. Quoi que je décide, il est là et me soutient. Je le sais. Il sait que je le sais. Je l'aime pour qui il est - un concentré d'intelligence, de gentillesse, d'humour et de courage — j'adore les mouvement ternaires, mais pour Jihad, c'est juste impossible de le résumer en trois adjectifs —. Comme il ne lit pas ce blog - jusqu'à ce jour - j'ose être lyrique sans craindre de le mettre mal à l'aise. Et s'il lit cette note un jour, comme elle sera ancienne, il pourra faire semblant de ne l'avoir jamais lue.
Mon ami Jihad, disais-je, à qui je parlais hier soir de cette phrase de Spinoza qui n'a pas fini de m'habiter me mentionna une conférence sur TED — oui, nous partageons la même passion pour ce site (trop fier ! c'est moi qui lui ai fait découvrir !) — que je n'avais pas vue encore - dans laquelle se produisait une inversion semblable à celle que fait Spinoza. Je ne peux que vous intimer l'ordre amical de prendre les 7 minutes nécessaires pour la regarder, comme je l'ai fait ce matin au réveil.
Dans cette mini-conférence, le philosophe Dan Bennet s'appuie sur la pensée de Darwin et inverse l'ordre de cause à effet que nous associons à certains événements, produisant ainsi plusieurs chiasmes parfaits. Il répond à des questions fondamentales de l'existence : pourquoi les gâteaux sont ils sucrés. Pourquoi les bébés sont-ils mignons et pourquoi les pinups sont-elles sexy ?
Cliquez sur la vidéo pour l'ouvrir dans une nouvelle fenêtre. Cette conférence est sous titrée en français - il suffit de choisir l'option correspondante dans le menu situé en dessous de la vidéo.Heureusement pour moi, Dan Bennett ne répond pas à une question plus importante : pourquoi aimons nous ceux que nous aimons ? J''aime l'idée que cette réponse là reste sans réponse. Si même Montaigne que j'adore, ou Stendhal - qui est capable d'écrire "De l'amour" sans aucun chiasme — personne n'est parfait — n'apportent de réponse, est il vraiment nécessaire de chercher plus loin ? (Pour Stendhal, il se concentre sans doute d'avantage sur le "comment" que sur le "pourquoi" et c'est très bien ainsi ...)
Car pour ma part, savoir que j'aime et savoir qui j'aime est plus important que de savoir pourquoi j'aime. Je suis empli de doutes, mais une chose est sûre, j'aime ceux que j'aime pour qui ils sont non par qui je suis. Qu'il s'agisse de Jihad ou de ... la femme de mon cœur. J'aime tout simplement leur manière d'être au monde. Qui se traduit de mille manières : l'attention qu'ils portent aux autres, leur écoute, leur curiosité, leur envie de continuer à apprendre et à grandir. Et, ce qui me touche profondément, la manière qu'ils ont de voir, au delà des étiquettes, des apparences et des a priori, l'être humain qui est en face d'eux, qui ne leur leur ressemble pas mais qui, par la grâce de leur regard, se met soudain à étinceler...
Et qu'il est délicieux d'aimer - même si c'est très inconfortable parfois - que cela permet de grandir, de réfléchir, de vivre tout simplement, et que je leur en suis reconnaissant !
(et, innovons : une version audio de cette note (lisible avec Quicktime) est disponible : Téléchargement Jihad_et_spinoza)
Mon Cher Philippe
Très touchant pour moi de figurer sur ton blog et de lire et écouter ce que je ressens tous les jours. Trop fatigué hier pour y poster un commentaire et que dire, sinon la même chose que toi sur toi au risque d'en faire un mauvais Chiasme. Quel merveilleux hasard celui qui nous a fait rencontrer. Comme probablement le hasard qui nous fait rencontrer les femmes que nous aimons.
Parmi les questions qui me restent non résolues est la volonté de libération et du détachement des bouddhistes pour arriver à la libération ET ainsi la compassion et l'Amour Universel. Question qui s'est de nouveau "imposée" à moi hier en lisant un passage de l'Echelle Sainte, dans lequel St Jean Climaque nous invite à l'exil volontaire (éloignement des êtres qui nous sont chers) comme étape nécessaire dans l'ascension de cette échelle. Tu vas me dire que c'est la différence entre désir et amour... Heureux que ma fille a eu son bac et je n'ai plus à plancher sur des sujets qui se mordent la queue,(pour avoir un petit 9/20) comme si le désir de l'amour universel n'en était pas un.
Et voilà que d'un coup s'éclaire pour moi le sens d'un mot rencontré il y a quelques jours, mot dont j'essayais de me souvenir pour te le dire, celui de "l'action transitive" et de "l'action Intransitive".
L'action intransitive que je ne comprenais pas pourrait être synonyme d'aimer. (point).
Peut-être c'est ce qui se trouve au bout de l'Echelle.
En tous cas je sais que je la gravirai plu vite si je sui précédé par une belle paire de jambes.
Ton fidèle lecteur
Celui qui a un blog et qu'il n'alimente pas et se rend compte qu'il alimente celui des autres
N'est ce pas une autre preuve d'amour?
B. Spinoza
Rédigé par : B. Spinoza | 01 août 2009 à 11:18
Tu ne peux savoir combien tes mots m'ont fait plaisir. Je te pensais parti au loin et que tu ne me lirais pas de sitôt. Tes mots et l'expression de ton amitié sont tombés à pic pour me sortir un peu de la tristesse à l'idée que Juliette allait se marier bientôt. Et de la tristesse de me sentir triste alors que je devrais être heureux pour elle. L'exil volontaire ... "Quand tu aimes il faut partir" dit aussi Blaise Cendrars. Ce sera surement la solution, et je vais bien finir par y arriver un jour, mais tu sais, je ne dois pas être monté bien haut sur l'échelle sainte car cette étape là me semble haute comme une montagne. Aimer reste un verbe terriblement (et délicieusement) transitif pour moi.
Quand j'étais petit, j'entendais un de mes frères ainés réviser ses leçons et parler d'"adjectif qualificatif" et de "complément d'objet direct". Et je me disais : mon Dieu que cela a l'air compliqué quand on grandit, jamais je n'arriverai à comprendre cela. Je ne savais pas alors que c'était encore plus compliqué que je l'imaginais et qu'on pouvait être incroyablement heureux mais aussi diablement et durablement triste à cause d'un complément d'objet direct. Allons, plongeons dans l'action et avançons, grimpons. Et merci d'être là, encore et toujours pour me précéder... (même si tes jambes sont un peu poilues à mon goût ...)
Rédigé par : Philippe | 01 août 2009 à 19:58
Quel bel échange ! Du texte ... aux commentaires. Et l'envie de vous écrire, Messieurs :
"Il n'est rien qui puisse donner plus de contentement à l'âme qu'une amitié tendre et fidèle...
Quel bonheur de rencontrer des coeurs biens préparés, auxquels vous puissiez, en toute assurance, confier tous vos secrets, qui soient, à notre égard, plus indulgents que nous-mêmes, qui charment nos ennuies par les agréments de leur conversation. Des amis qui fixent nos irrésolutions par la sagesse de leurs conseils, dont la bonne humeur dissipe notre tristesse, et dont la seule vue, enfin, nous réjouisse....! " (Sénèque).
(Bel réincarnation d'un nouveau "B" Spinoza, et sourire me vient, d'un "Phil" au regard attaché à suivre par Amour .... des gambettes poilues) :))))))
Rédigé par : Véronique | 14 juin 2010 à 13:07